On ne va pas vous mentir, ça deviendrait presque lassant d’entendre que Julien Épaillard a encore gagné une épreuve internationale. Et pourtant… Quand on assiste aux barrages déroulés par le Français, le petit frisson d’admiration est bel et bien toujours présent ! Du moins, on imagine que c’est aussi ce qu’ont dû ressentir les spectateurs présents dimanche après-midi dans le parc d’expositions RAI d’Amsterdam, hôte de la 12ème étape de la ligue européenne Coupe du monde.
Après un Grand prix Longines samedi soir jugé trop facile par de nombreux commentateurs, les chefs de piste néerlandais Quintin Maertens et Louis Konickx avaient fort à faire pour rattraper le coup. Ce fut chose faite pour les 36 partants, qui ont dû se frotter à un parcours qui de prime abord semblait plutôt allant, mais qui s’est avéré assez piégeux. Avec de nombreuses lignes nécessitant de monter les chevaux toujours vers l’avant, les cavaliers fautifs se sont retrouvés quasi tous piégés par les délicates combinaisons qui parsemaient le parcours.
Ainsi, Simon Delestre (Cayman Jolly Jumper, Hickstead x Quaprice Bois Margot), Henrik von Eckermann (Iliana, Cardento x Gentleman), Pieter Devos (Claire Z, Clearway x Coronado), Marcus Ehning (Priam du Roset, Plot Blue x Tanael du Serein) ou encore Harrie Smolders (Uricas v/d Kattevennen, Urico x San Patrignano Cassini) ont laissé à terre la palanque qui barrait l’entrée du redoutable double. Dans le triple qui comportait deux oxers et un vertical en sortie, chaque élément étant séparé par une foulée, on a compté des fautes de Marlon Modolo Zanotelli (Harwich VDL, Arezzo VDL x Darco), Maikel van der Vleuten (Elwikke, Eldorado vd Zeshoek x Quick Star), Jana Wargers (Limbridge, Limbus x Cambridge), Wilm Vermeir (DM Jacqmotte, Toulon x Indoctro) et Andreas Schou (Darc de Lux, Darco x Contender). C’est ce même triple et sa délicate gymnastique qui ont pénalisé les Français Jeanne Sadran (Vannan, Diamant de Semilly x Kannan) et Kévin Staut (Viking d’la Rousserie, Quaprice Bois Margot x Apache d’Adriers), auteur d’un magnifique parcours jusqu’à ce qu’il emporte le chandelier du vertical de sortie avec son pied.
Ils furent donc huit à se qualifier pour la seconde partie de l’épreuve, dans un barrage parsemé de demi-tours délicats à négocier pour ne pas perdre de temps. Alain Jufer, ouvreur de l’épreuve avec Dante MM (Diarado x Luxius), avait fait passer le tour initial pour une balade de santé tant il avait survolé les obstacles : le Suisse a réitéré une toute aussi belle et fluide performance avec son énergique bai, mais on sentait le chronomètre battable, et le duo terminera effectivement quatrième. La Britannique de 22 ans Jodie Hall McAteer a opté pour une stratégie différente en prenant tous les risques avec sa monture de tête Salt N’Peppa (Stolzenberg x Escudo). Leurs espoirs furent néanmoins anéantis après une barre sur l’oxer numéro 2, que le hongre alezan a très fortement regardé et dont il est parti de très loin, et un refus dans le double d’oxers, conséquence d’un virage en épingle mal négocié par sa pilote. Abandonnant après ces mésaventures, elle se classe tout de même huitième.
Comme prévu, le chronomètre d’Alain Jufer a ensuite été battu pour Yuri Mansur, reconnaissable de tous grâce à son éclatante veste jaune. Juché sur Vitiki (Valentino x For Expo), le Brésilien a serré les virages sans perdre de vitesse et infligé quelques centièmes de débours au Suisse. Quatrième à Leipzig, neuvième à Bâle et maintenant troisième à Amsterdam : une belle série pour le couple sur le circuit Coupe du monde ! Tous les espoirs des spectateurs reposaient sur le cavalier suivant, Jur Vrieling aux rênes de Fiumicino van de Kalevallei, seul duo néerlandais à s’être qualifié pour le barrage. Si le cavalier à la veste bleue électrique a bien démarré, une touchette du styliste bai dans le piégeux double d’oxers a mis fin à leurs espérances : ils finissent à la sixième place avec le deuxième meilleur chronomètre de l’épreuve, un motif de réjouissance pour l’avenir. La Norvégienne Viktoria Gulliksen a elle aussi tenté sa chance avec son fidèle Equine America Papa Roach (Perigueux x Zeus), qui lui offrait la deuxième place lors de l’étape d’Oslo, mais elle doit s’incliner en dépit d’un joli double sans-faute et prend finalement la cinquième place.
Est alors entré en piste Julien Épaillard, en selle sur Donatello d’Auge (Jarnac x Hello Pierville) : si le Tricolore est maintenant connu comme le cavalier le plus rapide sur la planète, son hongre bai ne s’était encore jamais frotté à un barrage Coupe du monde, laissant encore le suspense (presque) entier. Le Normand et son fils de Jarnac ont néanmoins brisé tous les rêves de leurs concurrents en avalant les foulées et exécutant des virages à faire pleurer d’envie les meilleurs pilotes. Résultat des courses : deux secondes infligées à Yuri Mansur et Vitiki, pourtant rapides. Daniel Deusser, pas non plus connu pour enfiler des perles, savait qu’il devait prendre tous les risques avec son crackissime Tobago Z (Tangelo van de Zuuthoeve x Mr Blue) pour espérer passer devant le Français. Quelle ne fut pas la déception quand le petit alezan au palmarès des plus fournis a emporté le deuxième obstacle, ralenti devant cet imposant oxer après une ligne courue à un train d’enfer et manquant d’impulsion pour prendre son appel correctement. « Double D » et son étalon, terminant leur barrage à un rythme moins soutenu après cette faute, prennent donc la septième place de l’épreuve.
Ne manquait donc plus qu’Édouard Schmitz, lui aussi redoutable à ce jeu de vitesse bien qu’encore très jeune. Le Suisse n’a pas failli à sa réputation et a profité de la grande amplitude de son partenaire Quno (Quo Vados x Cash And Carry), effleurant les barres sans qu’elles ne tombent et dessinant un tracé au cordeau. Hélas, avec plus d’une seconde de retard, le duo doit s’incliner face à la fusée Épaillard, mais termine tout de même sur la deuxième marche du podium. Le cavalier du haras de la Bosquetterie empoche donc un nouveau Grand prix 5*, le troisième sur le circuit Coupe du monde cette saison : quelle meilleure manière pour le Tricolore de montrer qu’en dépit de la vente de la redoutable Caracole de la Roque, il faudra quand même compter sur lui à Omaha en avril ?
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