Depuis quatre ans Audrey Morandat, 28 ans, parcours le monde grâce à Simon Delestre et son piquet de chevaux. Soucieuse du bien-être de ces derniers et grande fan des soins, Audrey n’avait à l’époque jamais entendu parler du métier de groom. Après des études agricoles (BEPA, bac pro CGEA), elle désirait se tourner vers la création d’une écurie de propriétaire associé à de l’élevage :

« A la base je voulais faire une écurie haute gamme avec une approche tourné complétement sur les soins apportés aux chevaux. On m’a proposé de groomer sur le CSI 1* de Chazey-Sur-Ain et ça a été une révélation. Ensuite j’ai fait un an de grooming en freelance sur des cavaliers amateurs. J’ai quand même passé mon monitorat pour avoir une porte de sortie si jamais j’arrêtais de groomer mais visiblement enseigner c’est pas mon truc (rires) ! »

Les chevaux étant des êtres sensibles à leurs habitudes, les journées se déroulent de la même façon que ce soit à la maison ou sur les terrains de compétitions. Les journées d’Audrey sont organisées méthodiquement afin que chacun retrouve ses habitudes où qu’il soit :

« Ils sortent trois fois par jour (marcheur, monte, marcheur), ils ont trois repas quotidiens, plus les soins de base et les soins spécifiques (spa, tapis, etc), les journée sont bien remplies. Les week-end concours sont comme à la maison sauf qu’on ajoute les épreuves ! Les chevaux sortent aussi entre trois et quatre fois par jour. Une fois le matin en main, Simon les monte sur le plat avant leurs épreuves puis le tour en lui même. En fin de journée, une petite balade en main ça fait du bien au moral et ça améliore la récupération !

Si la jeune femme originaire de la Drôme se destinait à ouvrir une écurie de pension haut de gamme spécialisée dans les soins apportés aux équidés ce n’était pas un hasard. Véritable adepte des produits et technologies de soin (massage, enveloppement, couverture spécialisée ou de tout autre produit pouvant améliorer le confort de ses petits protégés), elle met énormément d’énergie à la tâche pour permettre à ses chevaux d’être au meilleur de leur forme :

« Ce que je préfère dans mon métier ce sont les soins et la piste. La piste parce que ça apporte énormément d’émotions parce qu’au final on se donne tellement pour nos chevaux que quand ils sont à la piste on est 100 % avec eux, c’est comme si notre enfant faisait la club 3, on est à fond avec eux, on a envie qu’ils réussissent ! C’est autant d’émotions quand ils font bien que quand ils font mal, ça nous permet d’apprendre toujours de nos chevaux. Et les soins parce que j’adore vraiment ça ! Je fais tout pour que mes chevaux soient le mieux possibles donc j’adore les enduire d’argile après les épreuves, les masser. J’adore ça, aller creuser, chercher quelle argile pourra être le plus adapté à quelle partie du corps du cheval et pourquoi. Et à l’inverse pourquoi là je vais pas lui en mettre à cet endroit précis, et plutôt le masser à l’arnica ou autre. Voilà vraiment je trouve ça passionnant. Il y a toujours de nouvelles choses à apprendre dans ce domaine ! »

Le travail de groom, avec ses avantages et ses inconvénients, est de plus en plus mis en avant ces dernières années. Ce métier demande de nombreux sacrifices et investissements mais ceux-ci sont souvent compensés par les émotions incroyables vécues et le lien fort crée avec ces athlètes au grand cœur :

« Il y en a tellement de bons souvenirs ! Je suis obligé d’en faire plusieurs : tout d’abord les trois victoires de Hermès Ryan déjà, notamment le Saut Hermès puisque ça faisait trois mois que j’étais chez Simon, j’avais une très grosse pression ! Il y a aussi les Longines Masters où c’était fou et puis Vérone, deux jours avant mon anniversaire. Dernièrement le sans faute de Cayman Jolly Jumper dans la deuxième manche de la Coupe des Nations, ce qui nous a offert est juste incroyable. Ce cheval est magique ! »

Habituée des grandes compétitions internationales, elle reste néanmoins très fidèle à certaines d’entre elles qui offrent des prestations qui l’ont marquée aussi bien pour le bien-être de ses chevaux que pour son confort personnel :

« GL Events nous arrange beaucoup. Ils sont aux petits soins avec nous (Equita Lyon, Fontainebleau ou le Saut Hermès, ndlr), on a pas le temps de décharger les chevaux qu’ils nous ont déjà déchargé les malles, ramassés les crottins et balayés les allées ! C’est vraiment pensé cheval, et pour le bien être des cavaliers / grooms. Ca fait vraiment du bien autant physiquement que mentalement de se sentir aider. « 

« Windsor, c’est très champêtre mais je trouve ça vraiment incroyable. Il y a vraiment de tout : de l’agility, de l’attelage, les concours de races, c’est juste dingue ! On ne s’ennuie jamais et il y a une super ambiance ! C’est dommage qu’avec le Brexit ce soit beaucoup plus compliqué d’y aller ! Aix la Chapelle, j’espère que cette année ce sera la bonne pour moi ! On en parlait il n’y a pas si longtemps, ça fait trois fois que je viens à La Baule avec Simon et c’est la première fois que je participais à la Coupe des Nations car les autres fois entre le Covid et les chevaux pas forcément prêt pour cette échéance ça ne c’était pas fait. »

Que serait cette rubrique sans les trucs et astuces de chacun ? Audrey nous parle de son partenariat avec Alodis Care et de son produit magique !

« Le Hoof choc d’Alodis Care. Ce produit est fantastique je l’adore. C’est nourrissant pour le pied, ça réactive la circulation sanguine dans les pieds, ça draine les toxiques, ça absorbe les chocs c’est génial ! Depuis qu’elle l’a sortie j’en ai déjà vidé 3 pots (rires). Mon truc magique c’est de l’associé à de la graine de lin bouillie. Je l’applique la veille ou le matin de l’épreuve en cataplasme et je laisse agir. Le pied est drainé, décongestionné, en parfaite santé quoi ! »

Et si Audrey avait refusé la proposition de Simon Delestre ? En effet, ce n’était pas son idée d’origine puisqu’elle avait fait ses valises pour partir aux Etats-Unis, vivre l’expérience du CSI à Wellington.

 » J’étais chez Laurent Guillet et j’avais démissionner pour voir autre chose, j’étais prête à partir à Wellington : j’avais mon visa, fait mes valises, tout était prêt. Il m’a envoyé un message en disant qu’il cherchait quelqu’un et j’étais en route pour rentrer à Bourg-en-Bresse. Le soir je l’ai rappelé, j’avais un peu la pression parce que c’est quand même Simon Delestre ! Au début j’avais dit non car je voulais vraiment vivre l’expérience aux Etats Unis car j’en ai beaucoup entendu parler et puis il a su trouver les mots pour me convaincre. J’ai fait un test à Londres et au bout du deuxième jour j’ai accepté et je ne regrette absolument pas mon choix ! J’adore vraiment cette vie là. »

Si elle ne peut s’empêcher de citer Hermès Ryan quand nous lui demandons quel est le cheval qui a marqué sa vie, d’autres montures ont su laisser une trace dans son parcours de groom dont elle nous parle non sans émotion:

 » Ils ont tous marqué ma vie à leur manière. Ryan, on s’est tout de suite bien entendu donc évidemment qu’il a marqué ma vie. C’est une rencontre extraordinaire. Maintenant, Cayman commence lui aussi à prendre une grande place dans mon cœur mais d’une toute autre manière. Il m’apprends la patience, la gestion de soi et tant qu’on ne sait pas se gérer on ne peut pas prétendre à savoir gérer un cheval. C’est très difficile d’en choisir un, je les aime de deux manières différentes, c’est comme ci on demandait à un enfant de choisir entre son père ou sa mère (rires). Il y a aussi eu Berlux (désormais sous la selle de Max Wachman, ndlr) il m’a quand même emmener aux Jeux Olympiques de Tokyo et il a fait deux magnifiques sans faute. Je pourrais parler aussi de Sultan qui m’a beaucoup touché, car il est attachant au possible et il a un cœur plus gros que lui. Au début j’en avais même peur car c’était le cheval de tête de Laurent, et il revenait de chez Simon en plus. Il ne fallait pas que je fasse de bêtise, j’avais peur de mal faire ! Juste avant de partir, il a remporté le Grand Prix 2* de Lyon, c’était mon petit cadeau d’adieu. Quand on est groom, ou pas d’ailleurs, il y a tellement de chevaux qui marque nos vies. Ils apportent chacun leurs pierres à son édifice personnel et ils nous construisent en quelque sorte. »

Propos recueillis par Morgane JACOB et Maïmity CASTEL au Jumping Internationale de La Baule.


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