Deuxième dans l’épreuve des Talents Hermès vendredi, troisième dans celle du samedi, Antoine Ermann n’est pas passé inaperçu lors du prestigieux concours organisé par la célèbre maison Hermès. À seulement vingt ans, il multiplie les classements en CSI avec, entre autres, Azur du Vinnebus (Robin du Vinebus x Flipper d’Elle*hn) et Beryl des Prés (Popstar Lozonais x Djalisco du Guet) deux hongres de respectivement 12 ans et 11 ans.
Le Grand Palais Ephémère a accueilli pendant trois jours les meilleurs cavaliers mondiaux, ainsi que de jeunes talents prometteurs. Tout au long du week-end, Santiago Varela et son équipe ont proposé aux couples des parcours aux tracés complexes dignes du plateau de cavaliers présents sur le site. Le bourguignon de 20 ans, associé à Azur du Vinnebus ce week-end, boucle par deux fois un parcours parfait :
« Il y a les meilleurs chefs de piste ici donc forcément, les parcours sont très délicats et la longueur de la piste joue aussi mais ça on le savait en arrivant, ce n’est pas un problème. Le premier jour, le parcours des U25 était assez aéré, assez facile ce qui nous permettait de nous laisser le temps de se mettre dans l’ambiance de ce concours qui est très différent de ce que l’on peut rencontrer en indoor ou outdoor. Je suis pour l’instant très content et j’ai hâte de voir le Grand Prix demain. » (Il signe un sans faute dans la première manche et écope d’une barre au barrage, ce qui classe la France à la quatrième place; ndlr).
Après deux ans d’absence, le Saut Hermès a repris ses quartiers au cœur de Paris. Ce concours à l’ambiance particulière était attendu par le public mais aussi par les cavaliers. Entre la localisation si spécifique à ce concours, les couleurs de la maison Hermès et le public fidèle à cet évènement, cette douzième édition avait une saveur toute particulière :
« Lors des concours en indoor, on ressent toujours davantage l’ambiance du fait de la proximité avec le public. Après, pour parler du Saut Hermès, c’est la première fois que je viens là. C’est vraiment beau, et le cadre est impressionnant. Même si, lorsque l’on entre en piste, on ne voit pas la Tour Eiffel, on sait que ce n’est pas un concours comme d’habitude. Il y a vraiment une super ambiance, les tribunes sont pleines et le public est top !«
Championnat d’Europe junior, plusieurs sélections en équipe de France junior, un titre de Champion de France junior, une participation au CHI de Genève l’année dernière, il manquait à Antoine Ermann une participation au Saut Hermès :
« C’était un rêve, comme de nombreux jeunes cavaliers je pense. Etre ici, ce n’est pas commun ! Je l’avais déjà en ligne de mire dès l’année dernière, je savais qu’il y avait un U25 donc j’avais pour objectif d’y participer. Chaque nation a ensuite le droit d’avoir un certain nombre de cavaliers dans chacune des épreuves. Là, on est en France, donc on a le droit d’avoir un nombre un peu plus important de cavaliers mais tout dépendait bien sûr des sélections. »
Chaque cavalier aborde les épreuves différemment; entre rituel de concentration, technique de mémorisation du parcours et préparation spécifique du cheval afin de le mettre dans les meilleures conditions possible, chacun y met sa petite touche personnelle :
« Je n’ai jamais été trop stressé, je répète très souvent mes parcours à la fin de la reco. Je m’imagine en train de le faire avec le cheval que je vais monter dans l’épreuve et je le refais une fois avant de rentrer en piste. J’ai commencé ma saison à Oliva en février, j’avais déjà en ligne de mire le Saut Hermès mais je n’étais pas sûr à 100% de pouvoir le faire, c’était en discussion avec le staff. J’avais comme idée de prendre Azur qui a déjà beaucoup d’expérience ce qui m’a permis d’aborder le concours assez sereinement. J’ai juste à faire attention à son moral pour qu’il arrive en pleine forme. Sur le plan sportif, j’ai juste fait un petit entrainement en indoor avant de venir ici.«
Il y a peu, Antoine Ermann et Jérôme Ringot se sont associés afin de créer l’écurie Antome. Fruit d’une longue collaboration, les deux cavaliers sponsorisés par Equita Lyon ont décidé de mutualiser leurs forces. Commerce, coaching, élevage et travail des chevaux; les deux cavaliers se tirent l’un et l’autre vers le haut :
« Cela fait maintenant cinq ou six ans que Jérôme m’entraine. Quand j’étais petit, j’ai toujours monté avec mon père mais quand on est arrivé à un certain niveau, on a eu besoin d’un oeil extérieur, plus expérimenté sur ce niveau d’épreuves. On a donc pensé à Jérôme puisqu’il n’était pas loin de chez nous. Un jour, il m’a proposé une collaboration et c’est de là qu’est née l’écurie Antome. On a donc construit un barns à la maison et il est donc venu s’installer à la maison ce qui fait qu’il est avec moi tout le temps. Notre objectif est donc de recruter des jeunes chevaux ou des chevaux d’expérience pour le commerce. Bien-sûr, si parmi ces chevaux, il y en a un qui peut m’accompagner pour le haut niveau et que son propriétaire est d’accord de nous accompagner dans cette aventure, on va le garder. Le but principal de l’écurie est donc de faire du commerce. En parallèle, chacun continue son activité de son côté. Jérôme continue à coacher ses cavaliers et je continue, avec mon père, de former nos jeunes chevaux.«
De plus en plus de cavaliers se tournent vers l’élevage. Corps de métier plus que déterminant dans les sports équestres, la famille Ermann a déjà quelques produits prometteurs sur les terrains internationaux (Elios de la Lie – Air Jordan x Mr Blue – notamment, ndlr) :
« En général, on les débourre vers 3 ans et demi et à 4 ans, on leur fait faire quelques concours, en général quatre ou cinq, pour qu’ils découvrent les terrains extérieurs et ensuite on les remet au pré. Ensuite, on les reprend à 5 ans où on refait la même chose en approfondissant davantage le travail. Je considère qu’à 6 ans, le cheval doit déjà être un petit peu plus dur physiquement parlant. Mais bien sûr, dans la réalité, ça ne se passe pas toujours comme ça. Si je prends l’exemple d’Azur, à 4 et 5 ans, il ne savait pas vraiment quoi faire de ses jambes donc on l’a laissé continuer de grandir jusqu’à ses 7 ans et ensuite, il s’est déclenché donc au fond, c’est les chevaux qui nous disent quand ils sont prêts. De temps en temps, on emmène les jeunes chevaux sur les CSI pour qu’ils participent aux épreuves adaptées à leur niveau. L’avantage de ces concours, c’est que ça leur donne une grosse prise d’expérience car ils ont le même parc d’obstacles, souvent la même piste que les plus grosses épreuves. Ça leur permet d’être dans le grand bain, à leur hauteur bien-sûr, et de prendre de l’expérience. Mais, pour faire ces épreuves, il faut qu’ils aient déjà un peu tournés à 4/5 ans.«
L’année 2022 signe le retour de beaux événements, écartés par la pandémie de Covid-19. Ambitions, projets et objectifs, chaque cavalier réfléchit consciencieusement à la construction de cette année en fonction des chevaux et des concours :
« Cette année est ma dernière en tant que « Jeune cavalier » donc je vise les Championnats d’Europe qui sont au mois de Juillet à Oliva. Je planifie donc toute la saison de mes chevaux de tête avec cet objectif. Ensuite, je verrai lequel des deux est le plus en forme mais aujourd’hui, je pense qu’ils peuvent tous les deux être prêts à temps. Azur a certes beaucoup d’expérience mais Béryl a fait un très bon début d’année à Oliva. Sur le long terme, j’aimerais vraiment me construire un vrai système de jeunes chevaux à la maison pour avoir quelque chose de pérenne et ainsi, étoffer mon piquet de chevaux de tête pour sortir sur de belles épreuves. »
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