Si la finale par équipe avait déjà créé son lot de surprise, celle pour les médailles individuelles fut tout aussi exaltante ! Au terme des trois premiers jours de compétition, seuls les 25 meilleurs cavaliers étaient conviés à cette toute dernière étape permettant de définir les futurs champions d’Europe. La concurrence allait être rude et le chef de piste l’avait bien compris : un premier parcours aéré mais terriblement technique, qui ne laissait pas la place à l’erreur, était proposé à nos compétiteurs. Douze obstacles avec quinze difficultés dont un double de verticaux après la rivière, ainsi qu’un triple oxer-vertical-oxer à deux et une foulée extrêmement piégeant, ont fait suer nos couples sous le soleil de Milan, redistribuant considérablement les cartes.

Armando Trapote et Tornado VS survolent la rivière lors de la première manche – Morgane JACOB / Info Jumping

Après l’épreuve de vendredi après-midi, certains cavaliers ayant – à leur goût – cumulé trop de point pour espérer un top douze, ont préféré en rester là pour cette échéance européenne. C’est le cas de Martin Fuchs (Leone Jei), Bryan Balsiger (Dubaï du Bois Pinchet), Jana Wargers (Limbridge) ou encore Emanuele Camilli (Odense Odeveld), permettant à d’autres cavaliers d’obtenir leur ticket pour la finale comme Denis Lynch (Vistogrand) ou Mathias Norheden Johansen (Franco 79). Les cavaliers partant en sens inverse du classement provisoire, il aura fallu attendre le passage de l’Autrichien Max Kühner (Elektric Blue P) qui tenait la dixième place pour entendre le jingle du sans faute. Rolf-Goran Bengtsson (Zuccero) avait lui aussi laissé toutes les barres sur leur taquet, mais une touchette sur la rivière le privera du parcours parfait. Henrik Von Eckermann suivra la route du médaillé de bronze par équipe, tout comme Julien Epaillard (Dubaï du Cèdre), Philipp Weishaupt (Zineday) et Steve Guerdat (Dynamix de Belheme). Un peu plus de malchance pour Ben Maher (Faltic HB) qui laisse à terre le premier élément de la triple combinaison, pour Olivier Perreau (GL Events Dorai d’Aiguilly) qui faute sur le premier vertical du double Longines, ainsi que pour le tenant du titre jusque là, Jens Fredricson (Markan Cosmopolit), écopant de quatre points de pénalité sur le deuxième élément du double suivant la rivière.

Max Kühner sur le difficile double de verticaux aux rênes d’Elektric Blue P – Morgane JACOB / Info Jumping

A ce stade, les cartes étaient déjà redistribuées. Le seul Suisse encore en lice prenait la tête du classement, suivi par le Suédois champion d’Europe par équipe, qui même pénalisé par sa première barre restait en course pour une médaille, lui même suivi par le cavalier des écuries Beerbaum. Le Normand pointait à la quatrième place, le champion olympique à la cinquième suivi du numéro 1 mondial qui prenait alors le sixième rang. La deuxième manche allait se départager sur dix obstacles, terminant sur un oxer Longines massif face au public milanais avec seulement les douze meilleurs couples. Michael Duffy (Cinca 3), qui a fauté à deux reprises lors de la première manche, prend la décision de ménager sa fille de Casall et ne prendra pas part à la deuxième étape de la finale. Eoin McMahon (Mila), Olivier Perreau, Max Kühner et Henrik Von Eckermann commettront chacun une petite faute, les reléguant à la neuvième, huitième, septième et sixième place respectivement : tout de même, quel championnat pour le Rhônalpin et sa fille de Kannan qu’il a faite naître, de très bon augure pour la suite des choses !

Ben Maher réalisera le premier sans faute de cette manche, lui permettant d’accrocher une honorable quatrième place. Julien Epaillard réitère l’exploit, tout en explosivité maitrisée, tout comme l’Allemand qui, à ce stade, sécurise une médaille : c’est sur les épaules de Jens Fredricson que repose désormais la pression pour déterminer la couleur des breloques. Malheureusement pour le Suédois qui tenait le bon bout depuis le début du concours, ça ne passe pas : fatigue ou pression, son Markan Cosmopolit heurte la palanque numéro 7, laissant une place sur le podium à notre Julien national et à Philipp Weishaupt, chacun assuré d’une médaillé. Le frère ainé de Peder Fredricson termine ce championnat à la cinquième place. Il ne restait plus que Steve Guerdat et sa Selle Français à passer, avec une pression titanesque sur les épaules : pour garder sa médaille d’or, le Suisse n’avait même pas le droit à une barre, seulement à 3 points de temps, sinon l’Allemand serait sacré champion d’Europe. Mais presque aussi fraiche qu’au premier jour, la géniale Dynamix de Belheme laisse toutes les barres sur ses taquets, menée de main de maître par le Suisse : une fois franchie la ligne d’arrivée, le multimédaillé peut laisser serrer le poing et laisser éclater sa joie, lui qu’on voit habituellement plus réservé ! Ils seront en effet le seul duo à avoir réalisé cinq parcours sans faute sur cinq, devenant de fait les nouveaux champions d’Europe.

Steve Guerdat et Dynamix de Belheme célébrant leur nouveau titre – Morgane JACOB / Info Jumping

LES REACTIONS

Steve Guerdat : « Les championnats, on en gagne pas tous les jours, on sait tous à quel point ils sont importants, importants pour moi et ce que les médailles représentent. Les championnats d’Europe sont une échéance après laquelle je cours depuis un moment, mes premiers championnats c’était aussi des Europes, je n’avais encore jamais eu de médailles en individuel, ça commençait un peu à m’impatienter. Le seul cauchemar qui me réveille encore parfois c’est ma faute commise en 2003 qui m’avait coûté l’or et même le podium (il avait terminé sixième aux rênes de Tepic la Silla à Donaueschingen, ndlr), je ne voulais vraiment pas louper ma chance pour en fin de carrière me dire qu’il me manquait cette médaille. Aujourd’hui, elle est là et puis de la bonne couleur, donc c’est formidable, et de l’avoir fait avec une jument de cette classe ça rend les choses un peu plus spéciale. C’est une jument exceptionnelle, que j’ai depuis qu’elle est toute petite donc c’est une belle histoire. » (Propos recueilli par GRANDPRIX.INFO)

Julien Epaillard : « Le bilan est très positif. On sait que cette jument n’a pas encore tout le métier du haut de ses 10 ans. Elle a fait un championnat incroyable, avec seulement deux fautes sur 5 parcours. C’est une jument qui tient la distance, elle n’était pas fatiguée du tout aujourd’hui encore. C’est de bon augure pour l’avenir et je suis content de rapporter une médaille pour la France. » (Propos recueillis par le FFE).


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