Avec stupeur et douleur, le monde équestre a appris aujourd’hui la disparition soudaine de Jean-Maurice Bonneau à 64 ans. Le Vendéen a choisi de mettre fin à ses jours, laissant ses proches dans une tristesse incommensurable : « Nous avons l’infinie douleur de vous faire part de la disparition tragique de Jean-Maurice Bonneau, un père, un grand-père, un frère, un ami, un entraineur si cher à nous tous. Il a marqué l’histoire des sports équestres par son savoir et son amour des chevaux. Il fut un modèle pour beaucoup, son énergie et sa bonne humeur a tiré bon nombre d’entres nous vers les sommets. Il a illuminé nos vies par sa présence, il laisse un vide immense« , a publié sa famille sur ses réseaux sociaux ce soir.

Les hommages, trop nombreux pour tous les partager, qui se sont répandus comme une trainée de poudre aujourd’hui sur les réseaux sociaux, disent beaucoup de l’impact qu’a laissé Jean-Maurice Bonneau sur le monde équestre international. Né en 1959, le Vendéen commença sa carrière dans le monde équestre en tant que groom avant de se professionnaliser comme cavalier dans les années 1980, accompagné notamment par l’immense acteur et amoureux de chevaux Jean Rochefort qui fut l’un de ses amis et sponsors. Pendant près de dix ans, de 1987 à 1996, il fut un membre éminent de l’équipe de France, sa carrière culminant notamment avec une médaille de bronze par équipes aux championnats d’Europe de Saint-Gall en 1995 grâce à Urleven Pironnière (SF, Hurlevent x Arquebusier) aux côtés d’Alexandra Ledermann (Rochet M), Hervé Godignon (Unic du Perchis) et Roger-Yves Bost (Souviens-Toi III).

Avec Urleven Pironnière, le Vendéen fut un membre important de l’équipe de France des années 90. – DR

Un entraîneur respecté et inspirant

Au tournant des années 2000, il raccrocha ses bottes pour enfiler sa casquette d’entraîneur, où il obtint autant de succès, si ce n’est plus, que lorsqu’il était pilote pour les Bleus. Ce véritable meneur d’hommes s’illustra deux ans à peine après sa nomination en tant que sélectionneur de l’équipe de France en conduisant les Tricolores d’Eric Navet (Dollar du Mûrier, aussi vices-champions individuels), Gilles Bertran de Balanda (Crocus Gaverie), Reynald Angot (Dollar Dela Pierre) et Eric Levallois (Diamant de Semilly) au titre mondial par équipe à Jerez de la Frontera en 2002. La moisson fabuleuse continua l’année suivante avec l’argent européen glané par les mêmes Eric Navet et Reynald Angot, accompagnés de Michel Robert (Galet d’Auzay) et Michel Hécart (Quilano de Kalvarie), à Donaüschingen (Allemagne). Cette même année, comme en 2004, la Coupe de la Ligue, ancêtre de notre circuit Coupes des nations actuel, échut à la France savamment menée par Jean-Maurice Bonneau. Comme le relate GRANDPRIX, le sélectionneur avait dû ensuite vivre des Jeux olympiques 2004 éprouvants, notamment marqués par les blessures de Dollar du Mûrier et Dilème de Cèphe, partenaire de Bruno Brouqsault avec lequel il est encore à ce jour le seul duo français à avoir remporté la finale Coupe du monde.

Les Jeux équestres mondiaux de 2006 d’Aix-la-Chapelle furent la dernière échéance du sélectionneur sous les couleurs françaises, qui passa ensuite le flambeau à Gilles de Balanda pour fonder sa propre structure de coaching, JMB Conseil, ou encore un élevage familial, le haras de Saint-Linaire. Mais le natif de la Vendée ne put rester loin du travail d’équipe et prit en main la sélection brésilienne entre 2011 et 2015, avec laquelle il acquit de beaux trophées : médaille d’argent par équipe (Álvaro de Miranda Neto et AD Norson, Bernardo Alves et Bridgit, Karina Johannpeter et SRF Dragonfly de Joter et Rodrigo Pessoa et HH Ashley) et médaille de bronze en individuel pour le même Alves aux Jeux Panaméricains de Guadaljara en 2011, huitième par équipe aux Jeux olympiques de Londres en 2012, cinquième par équipe aux Jeux équestres mondiaux de Caen en 2014 et vainqueur de la difficile et prestigieuse Coupe des nations de Calgary en 2015 (Pedro Veniss et Quabri de l’Isle, Felipe Amaral et Premiere Carthoes, Rodrigo Pessoa et Quintol et Eduardo Pereira de Menezes et Status).

L’épopée de Jerez de la Frontera, où les Bleus acquirent le titre mondial sous la houlette de Jean-Maurice Bonneau, est encore dans les mémoires aujourd’hui.

Même si sa mission pour le Brésil se termina sur une note amère, l’entraîneur fut des Jeux olympiques de Rio en 2016 en tant que coach de Philippe Rozier et Kévin Staut, qu’il accompagna jusqu’au titre suprême par équipes. Toujours dans sa mission de coach, il évoluait depuis 2014 aux côtés des espoirs de demain de la Young riders academy, en parallèle de ses activités d’entraineur privé où il distilla ses conseils à Aurélien Leroy, Robin Le Squeren, Laurent Goffinet, Sofian Misraoui, Yoann Di Stefano ou Laetitia Ducouedic. À ce CV déjà bien chargé, on peut ajouter, entre autres, membre du comité de CSO de la FEI ou encore écrivain, avec son ouvrage On y sera un jour, mon grand. Souvenirs et conseils d’un entraîneur champion du monde, dans lequel il relatait son aventure qui l’avait mené de la Vendée au Brésil.

À World Of Showjumping, Jean-Maurice Bonneau racontait notamment l’an passé qu’il avait de la chance d’avoir pu trouver sa véritable passion, l’entraînement : « Ça me plait tellement de me mettre dans la tête de mes cavaliers et de trouver comment les aider à gagner et à donner leur meilleur d’eux-mêmes. J’aime les moments d’intimité comme ceux du matin d’une finale dans un grand championnat. Tous ces petits moments avec mes cavaliers quand on se sent sous pression, mais aussi très calme, en contrôle. Dans ces moments, on n’a même pas besoin de se parler: juste de regarder ses cavaliers et on sait ce qu’ils pensent et vice-versa. C’est quelque chose de très spécial. C’est drôle, parce que j’ai eu la chance de gagner quelques titres pendant ma carrière, mais quand tout est fini, après les céremonies, ce ne sont pas les moments que je préfère : ce que je retiens, ce sont les moments dans le couloir, juste avant la porte d’entrée. À ces moments, c’est comme si j’étais dans une grande bulle, et quand mes cavaliers sont en piste, je me sens tellement connecté à eux – c’est difficile de décrire l’intensité de ces moments. Et c’est ça que j’aime, c’est ça qui me rend addict« , confessait-il.

Nul doute que le départ de Jean-Maurice Bonneau, qui a tant aidé les cavaliers d’hier et d’aujourd’hui, laissera un vide immense dans le monde équestre : à sa famille et à ses proches, Info Jumping adresses toutes ses plus sincères condoléances.


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