McLain Ward et HH Azur (Thunder van de Zuuthoeve x Sir Lui van de Zuuthoeve) seraient-ils en marche pour écrire l’histoire en devenant le second couple à gagner le Rolex Grand Slam of Showjumping, le grand chelem qui fait rêver tant de cavaliers au monde ? Le duo américain a franchi une étape supplémentaire pour réaliser cet exploit en s’imposant hier après-midi dans le Grand Prix des Dutch Masters tenus dans la Brabanthallen de Bois-le-Duc (s-Hertogenbosch), aux Pays-Bas. Après sa victoire dans le Grand Prix du CHIO de Genève début décembre, l’Américain de 47 ans récidive et reste donc le « Live contender » du grand chelem, avec le CHIO d’Aix-la-Chapelle en ligne de mire : s’il parvient à remporter le Grand Prix dominical dans l’immense stade de Soers en juillet, il égalera Scott Brash, seul cavalier à avoir remporté à ce jour le précieux trophée en 2015 après ses victoires à Aix, Calgary (Canada) et Genève avec l’inégalable Hello Sanctos (ex-Sanctos Van Het Gravenhof, Quasimodo van de Molendreef x Nabab de Rêve).

McLain Ward et HH Azur deviendront-ils le second couple à réaliser le grand chelem Rolex ? Réponse en juillet à Aix-la-Chapelle. – Marie Lacombe / Info Jumping

Pourtant, il a fallu batailler pour en arriver à ce résultat. Si de nombreux sans-fautes ont été enregistrés, le tour initial monté par le chef de piste néerlandais Louis Konickx, assisté de Quintin Maertens et Gerard Lachat, ne se se présentait pas comme des plus faciles. Sur la piste, le trio avait disposé treize difficultés dont trois combinaisons : le double numéro 6 placé en sortie de courbe, composé d’un large oxer et d’un vertical sur bidet, le triple Rolex placé en 10 avec un enchainement vertical – vertical – oxer tous séparés d’une foulée, et un dernier double en numéro 12 comportant deux oxers (dont le second plus large que le premier), là aussi séparés d’une foulée.

Si l’accent est mis sur ces combinaisons, c’est parce que ce sont ces éléments qui ont occasionné le plus de dégâts chez les 35 cavaliers engagés. Le premier double a chu sur les passages des Belges Pieter Devos (Claire Z, Clearway x Coronado) et Gudrun Patteet (Sea Coast Guiness, Nabab de Rêve x Katell), le vainqueur néerlandais du GP en 2017 Leopold van Asten (VDL Groep Nino du Rothon, Iron Man van de Padenborre x Codex) ou encore l’Irlandais Denis Lynch (Brooklyn Heights, Nabab de Rêve x For Pleasure). Daniel Deusser, vainqueur en 2022 avec son Scuderia 1918 Tobago Z (Tangelo van de Zuuthoeve x Mr Blue), s’est cassé les dents sur le triple Rolex et a fini par abandonner ; tout comme lui, Scott Brash et Hello Jefferson (ex-Jeremias van het Hulstenhof, Cooper van de Heffinck x Irco Mena), Jur Vrieling et Fiumicino van de Kalevallei (Plot Blue x Nabab de Rêve) ou encore Harrie Smolders et Monaco N.O.P. (Cassini II x Contender) ont été victimes des barres jaunes et vertes. Dernière difficulté du parcours, le double d’oxers aura quand à lui eu raison du Belge Olivier Philippaerts (H&M Legend of Love, Landzauber x Corgraf), de l’Autrichien Max Kühner (Elektric Blue P, Eldorado van de Zeshoek x For Pleasure) ou encore du Brésilien Marlon Modolo Zanotelli (Grand Slam VDL, ex-Lucky Won van het Bevrydthof, Contendro x Heartbreaker).

Les numéros un mondiaux Henrik von Eckermann et King Edward ont tenus leur rang et ont fini troisièmes. – Marie Lacombe / Info Jumping

Au final, ce sont pourtant pas moins de 16 couples qui se sont dépêtrés de la première manche et se sont qualifiés pour le barrage, qui présentait plusieurs galopades et deux virages en tête d’épingle peu aisé à négocier. Premiers à s’élancer, Henrik von Eckermann et King Edward (Edward x Feo de Lauzelle) sont partis tambour battant, le Suédois demandant de nombreux efforts à son élastique alezan dans les lignes au galop, mais prenant des virages peut-être un tout petit peu trop larges pour espérer remporter la mise : de fait, le couple termine troisième, un classement tout à fait honorable qui ne fait que confirmer leur suprématie sur le classement mondial. Démonstration qu’ils étaient battables a été faite dès le passage du phénoménal Julien Épaillard aux rênes du généreux Donatello d’Auge (Jarnac x Hello Pierville), alors que le Français semblait être parti avec moins de train que le Suédois. Au final, grâce à un parcours plus en avant et fluide, le duo s’empare de la deuxième place avec 5 centièmes d’avance sur les numéros un mondiaux.

Si Martin Fuchs, déjà double vainqueur du GP de Genève avec ce même Leone Jei (ex-Hay El Desta Ali, Baltic VDL x Corland), n’a pas fait dans la dentelle non plus grâce à la grande action de son atypique gris, le tracé est plus large que celui du duo précédant et le Suisse arrive en retard sur le Normand, prenant au final la cinquième place. Entrent alors McLain Ward et HH Azur, qui ne font qu’une bouchée de ce parcours réduit : profitant de l’ample foulée et de la réactivité de sa baie de 17 ans, l’Américain ne reprend jamais sa partenaire et parvient à enlever une foulée dans l’ultime ligne là où Julien Épaillard avait justement repris sa monture, une action qui lui coûte la victoire puisque les temps intermédiaires le plaçaient en avance tout au long du parcours.

Julien Épaillard a pu compter une fois de plus sur la vitesse au sol de Donatello d’Auge. – Marie Lacombe / Info Jumping

Avec ce barrage d’anthologie, l’Américain a mis une sacré pression sur ses poursuivants, qui se sont tous échinés à essayer de le rattraper mais sans succès. Ainsi, le vainqueur 2022 du CHIO d’Aix Gerrit Nieberg s’avoue vaincu en selle sur Blues d’Avelines CH (Baloussini x Coriall 2) avec quatre points, ce qui les relègue à la onzième place. Le score du duo Willem Greve et Grandorado TN N.O.P. (Eldorado van de Zeshoek x Carolus) premiers représentants néerlandais, s’avère bien plus lourd : pour avoir laissé plusieurs barres à terre, ils terminent derniers des barragistes, en seizième position. L’Allemande Janne-Friederike Meyer-Zimmerman, elle aussi vainqueur à Aix-la-Chapelle en 2011, a bien tenté d’allonger la foulée de son grand Messi van’t Ruytershof (Plot Blue x For Pleasure) mais sans succès, puisqu’elle termine douzième avec quatre points en prime. Steve Guerdat, en selle sur sa jeune pépite Dynamix de Belheme (Snaike de Blondel x Cornet Obolensky, ex-Windows van het Costersveld), a quand à lui adopté une stratégie différente mais payante : tout en étant rapide mais sans forcer sur sa fine baie qu’il continue d’aguerrir pour le haut niveau, il termine sur un beau barrage qui leur vaut la quatrième place. Dernier double sans-faute après un barrage où ils n’ont pas pris tous les risques, le Néerlandais Marc Houtzager et son fils de Verdi Holy Moley se retrouvent à la neuvième place.

Ça ne passera pas non plus cette fois-ci pour l’Anglais Harry Charles et Balou du Reventon (Cornet Obolensky, ex-Windows van het Costersveld, x Continue), treizièmes après deux fautes, qui continuent tout de même une belle route à haut niveau au vu de leur récente association. L’autre représentant de la jeune garde britannique qualifié pour le barrage, Joseph Stockdale, n’a pas connu plus de chance que son camarade et sort sur un score de 12 points aux rênes d’Equine America Cacharel (Cachas x Quinar Z), ce qui les repoussera à la quinzième place. L’expérience des multimédaillés Peder Fredricson et Catch Me Not S (Cardento x Ramiro’s Son) ne leur aura pas suffi non plus, avec le pilote reprenant son gris de 17 ans devant plusieurs obstacles et perdant de ce fait un précieux temps : le duo suédois, qui n’a toutefois plus rien à prouver au vu de leur palmarès, repart des Pays-Bas à la septième place.

La talentueuse Dynamix de Belheme et son pilote Steve Guerdat, quatrièmes, continuent leur ascension à haut niveau. – Marie Lacombe / Info Jumping

Parti le couteau entre les dents et finalement huitième, Kévin Staut a tenté de faire parler la vitesse au sol de son complice Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie (Quaprice Bois Margot, ex-Quincy, x Apache d’Adriers), mais s’est de fait retrouvé à l’extérieur des traces de ses concurrents et s’avoue vaincu avec deux secondes de trop. Quel coup du sort pour le concurrent suivant, Simon Delestre ! Le Lorrain a tenté le tout pour le tout avec le singulier Cayman Jolly Jumper (Hickstead, ex-Opel, x Qaprice Bois Margot, ex-Quincy), poussé par une foule enthousiaste et peu chauvine : en avance à tous les temps intermédiaires, le duo renverse malheureusement le premier plan du dernier oxer alors qu’il avait avalé toutes les difficultés, et ce plus rapidement que McLain Ward ! Bien que plus rapides d’un dixième de secondes donc, le couple finit avec un 4 points rageant et en dixième position. Connu pour son sens du tracé lors des barrages, Marcus Ehning a cette fois failli à faire parler sa vitesse et celle de son grand bai Priam du Roset (Plot Blue x Tanael du Serein), fautifs à deux reprises et donc quatorzièmes. Dernière chance néerlandaise et ultime pilote à s’élancer, la révélation Lars Kersten et sa jument maison Hallilea (Zirocco Blue VDL, ex-Quamikase des Forêts, x Larome) ont fait vibrer leur public avec un parcours mené à toute vitesse, mais de fait trop lent pour espérer déloger l’Américain : ils terminent finalement en sixième position et n’ont certainement pas fini de faire parler d’eux !

Avec cette nouvelle victoire s’ouvre donc la route vers Aix-la-Chapelle pour McLain Ward et HH Azur, qui n’a pas tari d’éloges sur sa formidable partenaire après sa victoire : « C’est vraiment un rêve que de pouvoir compter sur une telle jument. Elle est plus intelligente que tout le monde et c’est une vraie reine, elle s’est vraiment donné pour moi en piste aujourd’hui, a loué le pilote. Je crois qu’elle comprend ce qui se passe autour d’elle et qu’elle se transcende au bon moment. Elle a 17 ans et est en bonne santé, on la préserve autant qu’on peut en ce sens, et maintenant on vise le CHIO d’Aix-la-Chapelle pour essayer de remporter le Grand Slam. » Le plus périlleux des challenges se présente maintenant en Allemagne à l’Américain et sa talentueuse baie, dans un Grand Prix qu’ils ont failli remporter à plusieurs reprises déjà mais sans succès : porté par ses exploits en terres suisses et néerlandaises, cette fois-ci sera-t-elle la bonne pour le duo ? Rendez-vous cet été pour le découvrir !

L’Américain pourra compter sur toute son équipe pour remporter le Grand Slam cet été. – Marie Lacombe / Info Jumping

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