Ils avaient déjà vocalisé leurs craintes face aux changements apportés au circuit de Coupe des nations Longines l’an passé, renommé Ligue des nations Longines (LLN), mais ils sont passés à l’étape supérieure : via un communiqué transmis par la fédération équestre suisse, Martin Fuchs et Steve Guerdat ont annoncé leur décision de ne courir aucune étape de la LLN cette saison.

Martin Fuchs a ainsi partagé son point de vue : « Les Coupes des Nations ont une importance majeure pour moi. Je trouve problématique que les plus grands concours traditionnels, qui ont marqué l’histoire de notre sport, ne soient pas pris en compte dans le calendrier de la LLN, au profit de compétitions qui, selon moi, attirent peu de spectateurs et n’ont pas une grande renommée. Je resterai disponible pour représenter la Suisse lors de toutes les autres Coupes des Nations de cette saison et me réjouis d’une année couronnée de succès. »
Le vainqueur de Calgary ou Genève a été appuyé par son ami vice-champion olympique : « Les Coupes des Nations ont une grande importance pour moi, et c’est toujours un immense honneur de représenter la Suisse dans ces compétitions. Je soutiens également Swiss Equestrian à 100 %. L’ambiance lors de la Coupe des Nations en Suisse, à Saint-Gall par exemple, ou lors d’autres concours traditionnels dans des pays où l’équitation est profondément ancrée, est incomparable. Il existe partout dans le monde des compétitions fantastiques avec une ambiance exceptionnelle. C’est précisément cette atmosphère qui me manque dans les concours organisés davantage pour un public restreint que pour les passionnés de sport équestre – c’est pourquoi je ne comprends pas la stratégie de la FEI concernant la Longines League of Nations « , s’est expliqué Steve Guerdat.

Dans les colonnes de World of Showjumping, le champion d’Europe n’avait pas non plus mâché ses mots concernant la finale 2024 du circuit à Barcelone, produit phare de la LLN et de la FEI mais « le pire événement » qu’il avait fait cette année. Le Suisse avait notamment pointé du doigt une médiocre qualité du sol aux écuries et sur la piste d’entraînement, le mélange avec les poneys du centre équestre du Polo club qui entraînait des risques sanitaires, ou les horaires tardives des épreuves qui ont parfois forcé les grooms à s’occuper des chevaux jusqu’à 2h45 du matin. Henrik von Eckermann avait appuyé son collègue en critiquant notamment les feux d’artifice tirés après le Grand Prix le vendredi soir, à proximité des chevaux qui avaient paniqué quand ils avaient entendu les détonations.
Un choix d’étapes et de dates qui attise les critiques
Si le format à quatre puis trois cavaliers n’a pas attiré de réprobations outre mesure, le calendrier et les terrains sélectionnés ont quant à eux été critiqués dès le départ par certains cavaliers. Cette année, quatre étapes sont au programme – Abu Dabi, Ocala, Rotterdam et Saint-Tropez-Gassin, avant la finale de Barcelone. Mais les deux premières tombent en plein milieu de la saison Coupe du monde, où nombre de cavaliers européens (qui composent la majeure partie du contingent de la LLN) bataillent chaque week-end pour se qualifier pour la finale de l’historique circuit indoor au début du printemps.
Qui plus est, quand auparavant deux circuits majeurs de Coupes des nations étaient mis sur pied en parallèle en Europe (La Baule, Rotterdam, Hickstead, Falsterbo…) et en Amérique du Nord (San Miguel de Allende, San Juan Capistrano, Langley…), les deux ont été fondus en un avec seulement ces quatre étapes. De fait, les localisations obligent les cavaliers à plusieurs aller-retour aux quatre coins du monde, une démarche fatigante pour chevaux et cavaliers, mais aussi fort peu écologique, et ce devant un public encore bien trop peu au rendez-vous.

Si des lieux comme La Baule, Rome ou Aix-la-Chapelle avaient déjà pris leur indépendance avant la refonte du circuit, le fait de ne pas inclure des Officiels traditionnels et presque mythiques comme Sopot, Hickstead, Falsterbo et Dublin, a été une pilule dure à avaler. Chacun de ces événements a depuis retrouvé un sponsor, comme Barrière ou Agria pour les épreuves par équipes et Rolex pour les Grands Prix, et la LLN revoyant chaque année son calendrier, il n’est pas impossible que ces lieux traditionnels ne récupèrent une étape à l’avenir.
Saint-Gall biffé, Suisses offensés
Mais pour les Suisses, l’affront final a sûrement été de lâcher le CSIO5* de Saint-Gall, dont l’épreuve reine courue sur herbe n’avait pu se tenir l’an passé à cause d’une météo fort peu clémente. Décision a été prise à la FEI de ne pas inclure l’Officiel de Suisse dans le calendrier 2025, une mesure qui ne passait pas auprès des organisateurs et de Swiss Equestrian : « C’est un choc, et en même temps un affront envers les sports équestres suisses. Après un travail d’analyse intense, des investissements ont déjà été faits et certains travaux ont déjà débuté. Nous croyons fermement que ce concours, qui a marqué l’histoire des sports équestres suisses comme aucune autre manifestation, mérite de continuer à exister en tant qu’événement de la Ligue des nations Longines. Nous partageons la déception de toutes les parties prenantes et des passionnés. C’est un très gros coup dur « , avait déclaré Damian Müller, président de l’organisation du concours suisse, qui ne perdait tout de même pas espoir que la LLN revienne à l’avenir sur son terrain.
C’est donc Saint-Tropez-Gassin qui accueillera un CSIO5* siglé LLN sur son terrain cette année, une première pour le Polo Club qui n’avait jusque-là hébergé que des concours labellisés 3* ou 4*. Mais le Var ne verra pas donc deux des plus illustres cavaliers actuels fouler ses terres. De même, pour la première étape qui se déroulera à Abu Dabi du 11 au 15 février, Peter van de Waaij a sélectionné Bryan Balsiger (PSG Starlight), Janika Sprunger (Orelie), Romain Duguet (Hunger Games du Champ du Bois) et Edouard Schmitz (Quno) pour représenter le drapeau rouge à la croix blanche.
