Vingt-et-un ans, c’est la période de jachère qu’a subi la France quand il s’agit de remporter la finale Coupe du Monde du circuit indoor, sponsorisé par la FEI et la marque horlogère suisse Longines. La donne est désormais tout autre cet après-midi grâce au sang-froid de Julien Epaillard et de son généreux Donatello d’Auge.

En tête du championnat après une Chasse fantastique le jeudi et une manoeuvre stratégique le vendredi – le duo n’est pas reparti au barrage pour préserver la fraîcheur du fils de Jarnac, tout en gardant le leadership de cette finale, ndlr -, les vainqueurs de l’étape suisse début janvier avaient tout à perdre lors de cette dernière manche. Deuxièmes, le double vainqueur Henrik von Eckermann et Martin Fuchs avaient au contraire une carte à jouer respectivement aux rênes d’Iliana et de Leone Jei, tandis que Ben Maher (Point Break), Kevin Staut (Visconti du Telman) et Lillie Keenan (Kick On) étaient en embuscade au quatrième rang avec moins d’une barre d’écart.

La première manche fut particulièrement difficile pour les couples en lice pour le podium. Entre fatigue et pression, le parcours de Gérard Lachat et Grégory Bodo a eu raison de certains d’entre eux et a quelque peu chamboulé le top 10 de cette finale. En effet, le numéro un mondial et le chouchou helvétique écopent tout deux d’une faute et chutent au cinquième et sixième rangs avant l’ultime manche. Max Kühner, Grégory Wathelet, Richard Vogel ou encore Hans Dieter-Dreher subissent le même sort, enterrant définitivement leur chance de podium. À ce moment-là, le Normand pointait toujours en tête à toujours moins d’une faute de ses dauphins Ben Maher, Lillie Keenan et Kevin Staut.

Et la chance, tout comme le talent et l’expérience, leur a visiblement souri cet après-midi à la halle Saint Jacques ! L’autre Normand de la compétition termine avec un total de sept points, le plaçant sur la dernière marche du podium alors que la désillusion frappe le clan américain : avec douze points au compteur de cette deuxième manche, Lillie Keenan est rétrogradé au onzième rang. Le champion olympique par équipe de Paris laisse lui aussi une barre à terre, laissant alors un peu d’espace au leader actuel. Et heureusement ! Le couple laisse lui aussi échapper une faute, sûrement dûe à la fatigue, mais qui n’entache en rien leur super championnat et leur score final leur permet très largement de monter sur la plus haute marche du podium.

Julien Epaillard devient alors le deuxième Tricolore à remporter cette prestigieuse finale après Bruno Broucqsault et Dilème de Cèphe en 2004. Une récompense largement mérité au vu de la complicité entre le Tricolore et son produit maison, que son épouse Susana a fait naître il y a de cela douze ans. En dépit de son palmarès déjà impressionnant en GP 5*, le bai pouvait sembler être en retrait de ses voisines d’écuries, Caracole de la Roque puis Dubai du Cèdre qui avaient impressionné en championnats ; mais le SFO a prouvé aujourd’hui qu’il avait bel et bien les qualités pour tutoyer les sommets.