Deuxième tentative au niveau 5* et une victoire : que pouvait rêver de mieux Caroline Harris ? D’autant plus que la Britannique a réalisé cette performance avec son énergique D.Day sur un week-end rendu dantesque par des conditions météorologiques pour le moins compliquées. L’édition 2024 des Cinq étoiles de Pau, seul CCI5*-L en France, restera dans les mémoires pour cette météo capricieuse et la pluie qui a arrosé le Béarn vendredi et samedi notamment. Cela a obligé Pierre Michelet, chef de piste, et Guillaume Blanc, directeur sportif de l’événement, à adapter le cross jusqu’au dernier moment pour conserver toute la sécurité nécessaire pour les duos engagés.
Mais même sur un parcours passé à 5 213 mètres et raccourci de 8 obstacles, Caroline Harris a été le rayon de soleil de cette journée de cross humide : meilleur temps avec 9’34, pour 9’09 de prévu, la Britannique a engrangé seulement 10 points de pénalités sur le domaine de Sers et opéré une fantastique remontée de la 22ème à la 1ère place provisoire. Ne restait plus qu’à assurer le sans-faute au CSO pour s’assurer la plus belle victoire de sa carrière. Juchée sur un D.Day souverain, encore plein d’énergie, l’amazone a déroulé sur le CSO, laissant éclater sa joie et levant un poing rageur devant un public palois qui l’a chaleureusement applaudie. « Je ne peux pas vous remercier assez pour tout ce que l’organisation a fait ce week-end pour maintenir l’évènement. J’avais des doutes à un moment, mais le terrain a bien tenu finalement pendant le cross, et je pense que la plupart des chevaux ont terminé vraiment en forme, et c’était une compétition superbe. Je n’ai vraiment pas les mots pour décrire mon cheval D.Day. Il a été élevé vraiment pour être un cheval de balade, un peu de chasse, puis je l’ai récupéré et il continue à s’améliorer sans cesse. Je ne pensais pas qu’il serait plus qu’un cheval de niveau 3*, et bien, regardez-le aujourd’hui. Il aurait pu repartir pour un tour. Il est à 80% pur-sang, donc parcourir le cross hier n’a pas puisé dans ses ressources. C’est un cheval qui ne lâche rien, et je l’adore. Ce n’était que le deuxième 5* pour nous deux. Franchement je suis venue ici avec lui pour l’expérience et je n’espérais rien de plus. Je voulais juste bien performer et avoir une bonne expérience. Il a très bien couru à Luhmühlen, mais il était un peu trop inexpérimenté et a sauté trop haut sur le cross, donc je voulais juste qu’il gagne en confiance, et ici à Pau il était très confiant« , a réagi la grande vainqueur après sa performance majuscule.

Après sa victoire plus tôt dans la saison sur la Coupe des nations de Lignières, Caroline Harris parachève son excellente saison en remportant Pau, qui plus est devant des cadors de la discipline ! En dépit de leur balade de santé sur le cross, qu’ils ont réalisé en partant dans les derniers sur un terrain malmené, les vainqueurs de l’an passé Rosalind Canter et Izilot DHI, qu’on voyait bien faire le doublé, ont lâché 0,3 points de trop sur le test de fond. Première après le dressage avec un score (presque) dérisoire de 19 points, la championne olympique et d’Europe en titre a dû céder devant sa compatriote samedi; mais elle a su conserver une très belle deuxième place après un parcours de santé sans fausse note. « Je pense que par rapport au terrain, j’ai emmené les enfants faire un petit tour de vélo ce matin, et nous nous sommes arrêtés pour regarder le terrain quand on revenait de l’hippodrome pour remonter vers la bute avec le tronc d’arbre, et les enfants se sont tous embourbés sur leur vélo, donc c’était vraiment un terrain lourd, et tout le monde a fait un travail impressionnant pour le maintenir en état, et nous en sommes très reconnaissants. Par rapport à Pau, c’est vraiment un évènement joyeux pour moi, j’adore venir ici, mes chevaux semblent toujours s’y plaire, et c’est un super moment pour ma famille aussi. Il (Izilot DHI, ndlr) va prendre des vacances bien méritées. Il a travaillé en continu pendant longtemps cette année, donc j’ai hâte de le ramener à la maison et qu’il puisse se reposer au pré« , a précisé l’amazone après son podium.
Une fois de plus, Tom McEwen a prouvé à quel point il se plaisait sur le terrain du Béarn en prenant la troisième place. Classé 5 fois sur 8 apparitions, dont une fois au sommet du podium avec son champion olympique Selle français Toledo de Kerser, le numéro un mondial a ajouté un nouveau tour d’honneur à son palmarès. Cette fois-ci, il avait misé sur son expérimenté Brookfield Quality, quatrième après le dressage et souverain sur le cross et le CSO. « J’aimerais dire un grand grand merci à tout le monde à Pau, ils ont fait un travail incroyable pendant tout le weekend. Le terrain et tout le sable que les bénévoles ont versé, pour que le cross puisse avoir lieu – je n’imagine pas qu’un tel événement aurait pu avoir lieu en Angleterre – donc vraiment un grand merci à tout le monde. Vous savez, Norris (le surnom de son cheval Brookfield Quality, ndlr) a été incroyable. C’est un petit cheval avec beaucoup de personnalité. On a mis du temps à apprendre à se connaître, mais il est génial. Donc pour l’avenir, comme Ros, il va avoir des vacances bien méritées puis j’espère participer à quelques 5* l’année prochaine« , a salué le pilote anglais.

Venu avec une délégation de pas moins de 25 couples et 33 chevaux sur 66 partants, et au vu de leur suprématie dans la discipline, les Britanniques semblaient bien partis pour régner en maîtres sur le Béarn. Toutefois, les autres nations se sont aussi bien battues pour réaliser la meilleure performance possible. Ainsi, il convient de saluer le Chinois Alex Hua Tian, médaille d’or aux Jeux asiatiques l’an passé et présent aux JO de Paris cette année, qui a mené son étalon Chicko jusqu’à la quatrième place devant l’olympien Américain Boyd Martin : aux rênes de son exemplaire Fedarman B, le duo occupe la cinquième place. La jeune Autrichienne Lea Siegl, qui a pu compter sur son fidèle DSP Fighting Line pour enregistrer son meilleur score pour sa troisième participation seulement à ce niveau termine ce triptyque palois à la sixième place, devant la britannique Piggy March et son Halo laissant échapper quatre points lors de l’hippique. Le top ten est complété par deux cracks de la discipline, le Néo-zélandais Tim Price et la championne du monde Yasmin Ingham, neuvième et dixième grâce à Jarillo et Rehy DJ, et l’expérimentée Suédoise Frida Andersen, au trente-deuxième rang après le dressage et finalement huitième avec son olympique Box Leo.
La délégation française, représentée par Luc Château, Arthur Marx, Arthur Duffort, Florian Ganneval, Camille Lejeune, Cédric Lyard, Louis Seychal et Benjamin Massié n’a pas démérité face à une escouade britannique venu en nombre pour en découdre. Les Bleus ont toutefois connu des sorts variés : le premier a réalisé la meilleure performance tricolore, terminant quatorzième avec son produit maison Cocorico de l’Ebat et trente-septième avec Viens du Mont après deux cross sans faute aux obstacles. Au quarante-et-unième rang se classent Arthur Marx et son généreux Church’Ile, qui ont essuyé du temps et le déclenchement d’un Mim’s sur le test de fond, tout comme Florian Ganeval et Erebor de Fleyres, quarante-huitièmes.

Après un cross mené de main de maître sans pénalités aux obstacles, Camille Lejeune a malheureusement essuyé un refus au CSO de sa Dame Decoeur Tardonne et a chuté, terminant sur une élimination. C’est sur le cross que Benjamin Massié et Arthur Duffort ont chuté avec Filao de Perle et Toronto d’Aurois, des chutes impressionnantes après lesquels les deux couples se sont finalement relevés sans dommage apparent. Enfin, Louis Seychal, tout comme Cédric Lyard, ont préféré abandonner pour économiser leurs montures Bakar de l’Ocean LA et Unum De’Or.
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