Qui aurait pu prédire le scénario tel qu’il s’est déroulé aujourd’hui à Versailles, dans cette première épreuve qualificative pour la finale par équipes de demain ? Sûrement quelqu’un de bien malin, car le public installé en nombre malgré la chaleur dans les gradins de Versailles, a eu droit à du grand sport et des rebondissements ! Ainsi, dix équipes se sont qualifiés pour la grande finale de vendredi, parmi lesquelles la Suède, l’Allemagne ou les Etats-Unis, figurant parmi les favoris à la médaille ; mais coup de tonnerre avec la déconvenue du Brésil et de la Suisse, grands prétendants à une breloque olympique mais victimes du format de l’épreuve.
L’Allemagne déroule, la Suède se fait peur, le Mexique et Israël créent la surprise
Même si les scores seront remis à zéro demain, il y a bien de grands vainqueurs aujourd’hui, et ils portent la veste rouge de l’Allemagne. Philipp Weishaupt, Christian Kukuk et Richard Vogel, juchés sur Zineday, Checker 47 et United Touch S ont déroulé sur le parcours monté par Santiago Varela et Grégory Bodo, qui ont posé des problèmes jusqu’au bout aux vingt équipes engagées. Les Allemands ne se sont pas laissés impressionner par le double n°5 vertical – oxer décoré de macarons, la rivière qui posé du fil à retordre à plusieurs pilotes, ou la dernière ligne du parcours avec un massif oxer orange suivi d’un triple vertical – vertical surmonté d’une palanque et oxer en sortie. Résultat pour les cavaliers d’Otto Becker, trois sans-fautes et le plein de confiance avant les deux manches de demain.
De même, les dix équipes qualifiées ont pu compter sur un ou deux sans-fautes pour leur assurer la place en finale : il fallait bien ça, au vu du format à trois où une erreur pénalise toute l’équipe privée de drop-score. Ainsi, Laura Kraut, Karl Cook, Ben Maher, Gilles Thomas, Maikel van der Vleuten, Kim Emmen, Daniel Coyle et Daniel Bluman ont offert un récital au public versaillais avec Baloutinue, Caracole de la Roque, Dallas Vegas Batilly, Ermitage Kalone, Beauville Z, Imagine, Legacy et Ladriano Z. De fait, leurs belles performances permettent aux Etats-Unis, à la Grande-Bretagne, à la Belgique, aux Pays-Bas, à l’Irlande et à Israël de se qualifier.

Cette dernière nation, comme le Mexique, obtiennent leur ticket pour la finale : deux outsiders qu’on ne positionnait pas forcément comme des favoris au vu du niveau de la compétition. Mais le format olympique permet ce genre de surprises et cela va dans les sens, comme l’illustre la performance de la Suède aujourd’hui. Idéalement lancé par deux sans fautes de Henrik von Eckerman, avec le très (trop ?) énergique King Edward, et Rolf-Göran Bengtsson, en selle sur le plaisant Zuccero HV, Peder Fredricson et son vétéran Catch Me Not S semblaient bien parti pour dérouler, et on voyait déjà la Suède en ultra-favoris pour conserver leur titre de Tokyo. Mais quelle ne fut pas la stupeur générale quand le gris déroba sur le mur coloré, peint à l’effigie de Jane Birkin et Serge Gainsbourg ! Sans paniquer, l’ancien numéro un mondial a terminé son parcours avec 17 points, commettant une faute dans le triple et écopant de points de temps. Les pénalités du multimédaillé ne sont heureusement pas suffisantes pour écarter les tenants du titre, mais on a bien cru vivre un coup de tonnerre en cette journée très ensoleillée !
La déconvenue de la Suisse et du Brésil
Malheureusement, si le format a souri à la Suède, il a plombé plusieurs nations qu’on attendait en finale, à commencer par la Suisse et le Brésil. Annoncés parmi les favoris, Steve Guerdat, Pius Schwizer et Martin Fuchs ont vécu une véritable désillusion devant le château de Versailles : plombés d’entrée par deux barres du premier et d’une Dynamix de Belhème qu’on sentait inhabituellement tendue, le second et le pourtant expérimenté Vancouver de Lanlore n’ont pas amélioré les comptes avec trois fautes supplémentaires. Enfin, le parcours du troisième et de l’agile Leone Jei, qui auraient pu sauver leur équipe en cas de sans-faute, a été sanctionné par la terrible palanque de milieu de triple. Cruelle, cruelle fin pour la Suisse dans la compétition par équipes.
Le sort a été similaire pour le Brésil, éliminé après le passage de son premier cavalier Pedro Veniss. Ce dernier, entré en jeu à la place de Yuri Mansur et Miss Blue, avait pourtant arraché le sans-faute aux rênes du généreux Nimrod de Muze. Stephan de Freitas Barcha, champion continental en titre, avait suivi son coéquipier sur la voie de la qualification en concédant juste une petite barre avec sa championne Primavera. Mais peu de temps après s’est affiché sur la liste des résultats une terrible nouvelle : l’élimination de Pedro Veniss, expliquée par la suite par des traces de sang décelées sur les flancs du fils de Nabab de Rêve…. Au vu de la situation, Rodrigo Pessoa a choisi de ne pas prendre le départ pour préserver son Major Tom pour la suite. Là aussi, cruelle fin pour le Brésil, qui avait clairement des chances de médaille au vu de la forme de ses couples sur les récentes Coupes des nations.

De même, on ne verra en finale ni le Canada, ni l’Autriche, qui étaient en mesure de créer la surprise. Mais le pays nord-américain, pénalisé par 12 et 16 points de Mario Deslaurier (Emerson) et Amy Millar (Truman), n’aura pas pu être sauvé par le parcours à 4 points d’Erynn Ballard (Nikka vd Bisschop). Mal lancés par Katharina Romberg et son jeune Colestus Cambridge, fautifs à 4 reprises, Max Kühner (Elektric Blue P) et Gerfried Puck (Naxcel V) ont alourdi le score de leur pays de manière trop conséquente pour pouvoir passer ce premier cut.
Les Bleus fautifs mais qualifiés
Et les Bleus dans tout ça, nous direz-vous ? Comme pour contrer le soleil qui brillait fort aujourd’hui sur la région parisienne, ils ont donné des sueurs froides au public versaillais ! On peut imaginer que le clan français a été quelque peu secoué par l’élimination à la visite vétérinaire de Viking d’la Rousserie hier, forçant Olivier Perreau et la puissante Dorai d’Aiguilly à entrer en jeu pour l’équipe. Pour autant, les Tricolores ne se sont pas laissés démonter, même si on a tremblé jusqu’au bout.
De fait, Simon Delestre a ouvert le compte de la France avec deux barres, son I Amelusina R 51 étant moins coopératif en dernière partie de parcours: nul doute que le Lorrain et son étalon, qui vit là ses premiers championnats, auront pris la mesure des parcours pour donner de leur mieux demain. Semblant plus serein avec sa fille de Kannan qu’il a faite naître il y a 11 ans, Olivier Perreau a été piégé seulement par le double, mais a laissé une bonne impression générale, de bon augure pour la suite.

Mais avec ces 12 points, menacée par les bonnes performances du Mexique, des Pays-Bas ou encore de la Belgique, la France était en ballotage défavorable. C’était sans compter le « Flying Frenchman », Julien Epaillard, et l’explosive Dubaï du Cèdre, qui ont libéré un public français qui a fait régner un silence de cathédrale tout au long de son parcours et a explosé de joie une fois le dernier obstacle franchi ! Rien n’a semblé perturber les médaillés de bronze européen, qui ont fait étalage de leur forme bondissante et donné du baume au coeur des supporters. Espérons que les Bleus reproduisent le scénario de Rio, où ils avaient dû subir la blessure de Hermès Ryan et les coliques de Flora de Mariposa mais avaient fini au sommet de l’Olympe : pour cela, rendez-vous demain ce vendredi dès 14 heures pour les deux manches de la finale !
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