Cette finale par équipes du jumping aura tenu toutes ses promesses. Un parcours haletant de bout en bout, un temps accordé qui nécessitait de prendre des risques pour rentrer avec zéro point au compteur. Dix équipes devaient s’élancer dans les jardins du Roi Soleil, le Mexique déclare finalement forfait juste avant le début de l’épreuve, H5 Porthos Maestro WH Z n’étant pas apte à concourir.
Ils seront donc au total 27 cavaliers à tenter leur chance pour ramener une médaille. Le Suédois et numéro un mondial Henrik von Eckermann, deuxième cavalier à s’élancer, faute sur la palanque hissée à 1,64 mètres, juste après le triple et en fin de parcours. Si même le champion olympique et du monde en titre faute, on sait désormais que ce ne sera pas chose aisée que de terminer sans faute. Et pourtant, Simon Delestre, le suivant à s’élancer, réalise le premier parcours sans faute aux obstacles; le Lorrain sera sanctionné mais avec trois petits points de temps. Cela donne de la confiance à l’équipe de France, qui se place donc en tête au provisoire avec moins de quatre points.
Le champion olympique en titre, Ben Maher, premier cavalier de l’équipe britannique, réalise un parcours presque parfait associé à la Selle français Dallas Vegas Batilly, pénalisé lui aussi d’un point de temps. Les autres nations pressenties pour un podium fautent toutes dans cette première rotation. Laura Kraut, tout comme l’Allemand Christian Kukuk, laisse une barre à terre et place les Etats-Unis en troisième position provisoire, à égalité avec la Suède et le pays germanique. Les Belges essuient plus de difficultés sur ce parcours, Gilles Thomas laissant deux barres à terre.
Le premier tour de cavaliers a permis de prendre ses marques et d’identifier les subtilités du parcours co-conçu par Grégory Bodo et Santiago Varela. Il a été plaisant de voir des chevaux sauter globalement dans la facilité, sans grosses fautes. Ce sont les petits détails qui ont permis de faire la différence sur ce classement !
Lors de la deuxième rotation le second suédois, Rolf-Göran Bengtsson, laisse une barre à terre lui aussi éloignant les champions olympiques par équipe de Tokyo un peu plus du podium. Il en est de même pour Rigard Vogel et United Touch S sous les couleurs allemandes, alors que l’étalon et le jeune cavalier étaient des plus aériens hier.
Et si une première sélection olympique portait chance ? Olivier Perreau en selle sur GL Events*Dorai d’Aiguilly, jument qu’il a lui-même fait naitre et formée, signe un des plus beaux parcours de cette finale étant le premier sans faute dans le temps ! Sous les ovations du public, le Rhônalpin lâche ses rênes et lève les bras au ciel, lui qu’on connait pourtant comme un cavalier pudique. Avec ce sans-faute, la France se prend de plus en plus à rêver et commence à croire à un podium !
La jeune cavalière des Pays Bas, Kim Emmen, signe un joli sans faute avec Imagine pour sa première participation olympique ! Les Néerlandais conservent donc leurs six points acquis lors du premier tour par Maikel van Der Vleuten et Beauville Z. Karl Cook, associé à la fantastique Caracole de la Roque, franchit la ligne d’arrivée avec lui aussi un parcours sans faute et dans les temps. Le jeune Harry Charles, premier cavalier mondial au classement U25, est l’auteur d’un sans-faute également et permet à la Grande-Bretagne de conserver la tête du classement provisoire juste devant la France (3 points) et les Etats-Unis (4 points).
L’ordre de passage est remanié dans l’ordre inverse du classement pour les derniers cavaliers, laissant place à tout le suspense qu’on peut attendre d’une finale olympique. L’Israël avec 33 points décide de ne pas faire partir leur dernier cavalier. Jerome Guéry et son phoenix Quel Homme de Hus ouvrent ce dernier acte mais laissent deux barres à terre. Il en est de même pour le cavalier irlandais Cian O’Connor et qui prendra un point de temps en sus: les Irlandais, vus comme de grands favoris à une médaille collective, sont condamnés à rester au pied du podium. Le dernier cavalier suédois, Peder Fredricson, avec l’expérimenté Catch Me Not S, fait également quatre points aux obstacles, abandonnant donc tout espoir de podium. Philip Weishaupt et son impressionnant Zineday signent le premier sans faute pour l’Allemagne qui termine cette finale olympique avec huit points au compteur. Harrie Smolders s’élance pour les Pays Bas avec Uricas V/D Kattevennen et clôture son parcours avec seulement un petit point de temps, le total de l’équipe s’élevant à sept points désormais, à égalité avec la France.
C’est au tour des troisièmes provisoires alors de s’élancer, en la personne de l’expérimenté McLain Ward et Ilex. Le parcours et la pression d’une médaille olympique n’auront pas eu d’emprise sur celui qui avait été couronné d’or par équipes aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004. Il assure une médaille aux Etats-Unis en réalisant un aérien sans-faute, la couleur du métal déprendra du résultat de la France et de la Grande-Bretagne.
C’est donc avec l’attente de tous les supporters français sur les épaules que Julien Epaillard et Dubaï du Cèdre font leur entrée en piste. Tout le monde retient son souffle à chaque saut et malheureusement, malgré tout le soin du pilote français, une petite touche des postérieurs sur un oxer ajoute quatre points au compteur. Avec un total de sept points, à égalité avec les Pays-Bas, il faut donc additionner les temps des cavaliers afin de définir qui repartira avec une médaille autour du cou. Mais on sait qu’avec la fusée Epaillard, le temps est du côté de la France : plus rapides, les Français sont donc assurés d’une médaille, reste à savoir si ce sera le bronze ou l’argent !
Pour clôturer cette finale, Scott Brash et Hello Jefferson assurent et effectuent un parcours parfait sans faute aux obstacles. Ils prennent un point de temps mais cela n’a pas d’incidence, les Britanniques seront médaillés d’or. C’est un deuxième titre par équipes après Londres en 2012 pour Ben Maher et Scott Brash. Ils étaient accompagnés ce jour-là par Peter Charles, père de Harry Charles qui donc douze ans après ajoute lui aussi une médaille d’or à son palmarès.
Le saut d’obstacles par équipes aura tenu toutes ses promesses, la Grande-Bretagne fait le doublé après la médaille d’or par équipes en concours complet, les Etats-Unis, comme à Tokyo, se parent d’argent et la France prend cette magnifique médaille de bronze. La première médaille olympique pour Simon Delestre pour qui il aura fallu quatre sélections olympiques avant de l’obtenir, tout comme Olivier Perreau qui n’était pas initialement prévu dans l’équipe : l’équitation, un sport qui fait de belles histoires et qui aujourd’hui encore nous aura émus.
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