Cette image restera l’une des plus marquantes des Européens de La Corogne : Gilles Thomas, le poing levé alors qu’il entamait à peine le planer de son dernier obstacle. Car le jeune mais ô combien aguerri Belge le savait, sans faute de sa part et de celle de son fabuleux Ermitage Kalone, les Diables rouges repartaient avec l’or autour du cou. « J’ai senti dès le paddock qu’il était dans un bon jour, et quand il a commencé à sauter, je savais que si je ne faisais pas d’erreur, il ne laisserait aucune barre tomber », a loué le récent vainqueur du GP LGCT de Paris, quatrième en individuel et qui peut rêver d’un beau doublé demain avec son alezan métronome.
La prestation parfaite du duo n’a fait que conclure une performance de haut vol pour les Belges, qui renouent avec les sommets de l’Europe six ans après l’or de Rotterdam. Des Européens aux Pays-Bas, seul Pieter Devos était encore là, aux rênes de sa pépite maison Casual DV Z. Le désormais double médaillé européen a donné quelques frayeurs à son camp avec une grosse faute de sa baie sur le deuxième obstacle, mais a su garder son sang-froid pour limiter la casse. « J’ai un sentiment mitigé mais c’est mieux qu’hier », a jugé le pilote, qui avait concédé 8 points en première manche après une Chasse parfaite. En selle sur sa toujours généreuse Katanga v/h Dingeshof, médaillée de bronze en 2021 à Riesenbeck, Nicola Philippaerts a aligné un nouveau sans-faute, continuant son récital : actuellement cinquième, lui aussi pourrait bien se trouver sur le podium individuel dimanche. Et que dire de Thibeau Spits, qui, pour sa première échéance senior, a fait montre d’une sérénité à toute épreuve et d’une magnifique équitation ? Le point de temps qu’il a laissé filer avec son bien nommé Impress-K van’t Kattenheye Z n’a en rien pesé sur le score final de l’équipe de Peter Weinberg, qui a survolé son championnat et amplement mérité sa médaille d’or.
Alors que la Grande-Bretagne avait démarré sur les chapeaux de roues avec un nouveau sans-faute signé Ben Maher et la Selle français Dallas Vegas Batilly, elle a dû composer avec une nouvelle déconvenue. En effet, comme lors de la première manche jeudi, Matthew Sampson a dû essuyer un nouveau refus de Médoc de Toxandria., avec qui il forme un couple depuis peu de temps. Sûrement marqué par l’expérience de la veille, le bai s’est de nouveau ému dans la combinaison, avant de la franchir au deuxième essai, fortement encouragé par l’équipe sur le kiss and cry. Si le parcours est allé jusqu’au bout, il fallait effacer 14 points de pénalité et les Britanniques n’avaient donc pas le droit à l’erreur. Aériens sur tout le début de parcours, Donald Whitaker et sa bondissante Millfield Colette, peut-être rattrapés par la pression, ont commis une lourde faute dans le dernier double, sonnant le glas des espoirs dorés britanniques. Il fallait bien l’expérience et les nerfs d’acier de Scott Brash, ainsi que le coeur gros comme ça de l’épatante Hello Folie, pour assurer un nouveau sans-faute et offrir l’argent à la Grande-Bretagne.
Tout comme les représentants de Charles III, l’Allemagne a commis une faute de trop pour monter sur la plus haute marche du podium, mais repartent tout de même avec le bronze autour du cou. Le 4 points de Marcus Ehning et d’un Coolio 42 pourtant à son affaire a été effacé par le sans-faute de Sophie Hinners et Iron Dames*My Prins, et les cavaliers d’Otto Becker pouvaient espérer comme leurs adversaires du jour. Las, si Richard Vogel et United Touch S se sont montrés encore une fois aériens et gardent leur leadership individuel, Christian Kukuk s’est de nouveau retrouvé dépassé par l’énergie de Just Be Gentle et a laissé une barre à terre.
Quatrième après la première manche, l’Irlande a conservé sa position, terminant la compétition avec deux parcours parfaits de Seamus Hughes Kennedy (ESI Rocky, impressionnants pour leurs premiers championnats Senior) et Darragh Kenny (Eddy-Blue) et deux prestations à 4 points de Denis Lynch (Vistogrand) et Bertram Allen (Qonquest de Rigo). Deux sans-fautes sont aussi à mettre au crédit de Nadja Peter Steiner (Mila) et Steve Guerdat (Albführen’s Iashin Sitte), qui ont porté la Suisse au cinquième rang. Pas de remontada non plus pour les Pays-Bas, septièmes : si Maikel van der Vleuten et Beauville Z NOP ont redressé la barre en ne concédant qu’un point de temps après les 20 de la veille, les nouvelles démonstrations de Kim Emmen (Imagine NOP) et Willem Greve (Pretty Woman van’t Paradijs) n’auront pas suffi.
La France, en embuscade jusqu’à hier à la cinquième place et qui pouvait se prendre à rêver, a malheureusement cédé sous le poids de la pression. Kévin Staut et son expérimentée Visconti du Telman avaient pourtant fait une belle entame en réalisant un parcours vierge, qui les mène en dixième position individuelle. Les rookies Nina Mallevaey (Nikka vd Bisschop) et Jeanne Sadran (Dexter de Kerglenn), qui vivaient là leur premier grand championnat senior, accusent toutefois douze et quatre points de pénalité. Julien Epaillard, qui pointait à la troisième place individuelle avec Donatello d’Auge, a manqué le coche : après une belle entame de parcours, une incompréhension s’est produite dans le duo, le hongre repassant au trot avant le septième effort du parcours et fautant logiquement sur le vertical aux couleurs de la FEI. C’est donc une septième place finale pour le quatuor d’Edouard Coupérie : le sélectionneur peut tout de même se targuer d’avoir amené du sang frais en équipe de France, avec des prestations très honorables de tous les engagés qui laissent entrevoir (on y croit) un bel avenir aux Tricolores.
N’ayant aligné aucun sans-faute, la Suède, l’Italie et le Danemark complètent ce top ten.
Maintenant, place au repos ce samedi pour les chevaux et les cavaliers, avec dans tous les esprits la finale de dimanche. Après le dénouement par équipes, le classement individuel a été chamboulé. Alors qu’il était dans le trio de tête, Donald Whitaker chute à la dix-huitième place tout comme Julien Epaillard qui affrontera les deux manches dominicales au dix-neuvième rang. Solide comme un roc, Richard Vogel est donc en tête de cortège avec son extraterrestre United Touch S, toujours avec le microscopique score de 0,01 points. Sur ses talons, Scott Brash et l’actuel champion européen, Steve Guerdat, qui défendra chèrement son titre. Kévin Staut pointe au dixième rang tandis qu’Antoine Ermann éblouit La Corogne de sa maturité, ayant de nouveau délivré un sans-faute magistral hier : aux rênes de Floyd des Prés, le champion de France Junior 2019 entamera la dernière manche en vingt-troisième position.
Mention honorable aussi à Janika Sprunger et Jessica Mendoza, cartouches individuelles de la Suisse et de la Grande-Bretagne qui ne rendent que des copies parfaites avec leurs cracks Orélie et In The Air : les amazones aborderont la finale en neuvième et seizième position. En revanche, point de finale pour les cadors Pieter Devos, Bertram Allen, Armando Trapote ou Max Küehner, ainsi que les Françaises, Jeanne Sadran et Nina Mallevaey. Que vont préparer Santaigo Varela et son équipe pour les 25 partants, qui s’affronteront sur deux manches et dont les 13 premiers se tiennent tous dans la même barre ? On a hâte de le voir !
