Depuis sa toute première grande victoire dans la Coupe du monde de Stuttgart en 2022, United touch S a défrayé la chronique, ne serait-ce que par sa naissance issue d’un frère et d’une soeur utérins, et récolté tous les superlatifs, mérités au vu de ses qualités intrinsèques et de son chic inné. Le duo qu’il forme avec Richard Vogel s’est depuis amplement illustré sur les plus belles scènes du monde, de Genève à Calgary en passant par Lyon ou Aix-la-Chapelle. Mais malgré sa participation à trois grands championnats – deux finales coupe du monde à Leipzig et Bâle, les Jeux olympiques de Paris -, l’étalon désormais âgé de 13 ans n’avait pas encore su transformer l’essai pour s’offrir une médaille bien méritée.
La concurrence des plus relevée qu’il a dû affronter cette semaine aux championnats d’Europe de La Corogne n’en rend que plus belle la récompense que les deux ont glané : le titre européen individuel. « Je suis très, très content de United, il s’est battu avec moi jusqu’au bout. Tout le monde le connaît, depuis le temps, mais là on voit à quel point il est incroyable », a loué l’Allemand en conférence de presse, qui n’a pas manqué non plus de saluer le travail par son équipe et notamment sa groom, Felicia Wallin.

C’est au terme d’un quintuple sans-faute que le remarquable couple, déjà médaillé de bronze par équipes avec l’Allemagne, s’est offert la plus belle des récompenses. Ils ont pour cela profité de la défection de Daniel Coyle, qui ne sentait pas sa Legacy à 100% bien qu’elle ait remporté la Chasse, pour s’accrocher à la tête et ne plus jamais la lâcher. Bien que Santiago Varela a dressé sur la piste espagnole des parcours de plus en plus imposants et techniques, l’Allemand et son fils d’Untouched se sont déjoués de toutes les difficultés, sans effort ou presque. Il faut dire qu’ils n’avaient pas le droit à l’erreur, les treize premiers couples du classement se tenant dans une barre avant l’ultime manche !

Imperméables à la pression, la paire a laissé la médaillé d’argent au crack Scott Brash et sa pépite Hello Folie, née Folie de Nantuel chez la famille Gouin, dont le talent et la générosité ont éclaboussé le monde ce week-end. Combien de « oh » et de « ah » a poussé le public, face aux démonstrations de la petite mais puissante alezane sur des barres presque aussi hautes qu’elles ? Bien que les parcours avec l’Ecossais n’aient pas été de tout repos – on se souviendra longtemps de son passage de triple dans la première manche par équipes, où la Selle français s’est extirpée de la combinaison presque seule après que son cavalier eut perdu ses rênes -, toutes les barres sont restées sur leurs taquets et le couple s’est offert une bien belle médaille.
La performance est d’autant plus significative que l’alezane formée par Marc Dilasser prenait part à ses premiers championnats, elle qui n’a découvert les parcours à 1,60m qu’en début d’année ! Un pari réussi pour le multi-médaillé britannique, qui marche sur l’eau depuis le début d’année avec pas moins de quatre victoires en Grands Prix 5* et cette breloque européenne donc, qui s’ajoute à celle d’argent collective décrochée vendredi par la Grande-Bretagne. « Folie a montré au monde entier à quel point elle est talentueuse, s’est réjoui son cavalier. Je savais qu’elle serait très bonne, mais jusqu’à ce qu’on saute sur ce type de parcours et à cette hauteur, on n’est jamais vraiment sûr, mais elle m’a bien prouvé cette semaine qu’elle avait toutes les qualités pour et j’en suis ravi. »

Alors que Steve Guerdat comptait prouver toutes les qualités de son Albführen’s Iashin Sitte, dans l’ombre de la fabuleuse Dynamix de Bélhème et troisième à l’aube de la finale, le champion en titre a laissé rouler trois barres à terre et rétrogradé dans le classement final, laissant la voie à Ermitage Kalone. Comme United Touch S, on n’a pas assez de compliments à faire à l’étalon Selle français, issu d’une lignée matinée d’Anglo-arabe développée dans le Tarn-et-Garonne par Magalie Desalles, qui semble réussir quasiment tout ce qu’il entreprend sous la selle de son fidèle cavalier Gilles Thomas. Il n’était donc que mérité que l’élève modèle reparte avec une nouvelle médaille, de bronze après l’or collectif des Diables rouges auquel il a amplement contribué vendredi. « Je le monte depuis quatre ans et on se connaît par coeur, a souligné le Belge. Il m’enlève beaucoup de pression parce qu’il est tellement à mon écoute, on s’entraide beaucoup. C’est un rêve d’être ici, je me souviens quand j’étais petit et que je rêvais de toutes les médailles qu’il était possible de décrocher, maintenant j’en ai deux ! »

Si les médaillés n’ont certainement pas volé leur titre, Ben Maher doit certainement regretter cette barre qu’il a laissée tomber lors de la Chasse mercredi. Par la suite, sa championne olympique Dallas Vegas Batilly n’a aligné que des sans-fautes, et sans cette pénalité initiale, le couple aurait pu prétendre à l’argent… S’ils remontent tout de même de la vingt-troisième à la quatrième place, l’Anglais repart une nouvelle fois d’un championnat avec la médaille en chocolat, comme à Herning en 2022 et Milan en 2023 avec Faltic HB.
Pour son premier championnat Senior, Seamus Hughes Kennedy s’offre une très belle cinquième place pleine de promesses avec son agile ESI Rocky. Suite à un refus de Janika Sprunger et Orélie et de parcours à 4 et 8 points de Kévin Staut, Nicola Philippaerts et Ricardo Pisano aux rênes de Visconti du Telman, Katanga v/h Dingeshof et Chatolinue PS, Sophie Hinners, Darragh Kenny, Kim Emmen, Thibeau Spits et Donald Whitaker sont remontés du sixième au dixième rangs avec Iron Dames*My Prins, Eddy-Blue, Imagine NOP, Impress-K van’t Kattenheye Z et Millfield Colette : tous double sans-fautes en finale, ils forment le top ten de ces championnats.

Si on n’y trouve aucun Français, l’encadrement tricolore pourra se satisfaire des promesses notamment montrées par Antoine Ermann, seizième et premier Bleu dans le classement. En selle sur un impeccable Floyd des Prés, le Bourguignon de 24 ans ans a fait étalage de sa magnifique équitation tout au long de la semaine, une belle performance qui ne sera pas entachée par ces deux barres laissées à terre lors de la Chasse. Même s’ils n’ont aligné que des 0 par la suite, le jeune pilote et son fils de Vigo Cece n’ont pu accéder à l’ultime manche, tout comme Kévin Staut et sa Visconti ; toujours aussi fraîche du haut de ses 16 ans, la fille de Toulon et le Normand ont écopé de quatre points sur le premier parcours dominical et terminent dix-hutième.
Quant à Julien Epaillard, qui avait finalement décidé de ne pas faire repartir son Donatello d’Auge dimanche, c’est une vingt-sixième place finale. Jeanne Sadran et Nina Mallevaey, qui avaient emmené Dexter de Kerglenn et Nikka vd Bisschop en Espagne, se classent finalement trente-troisième et quarante-septième de ce championnat. « Au final, même si tout le monde avait été sans faute, on n’aurait pas joué de médaille. On va tirer des enseignements de ces championnats pour préparer les Mondiaux de l’année prochaine. C’est une très bonne expérience de championnat pour les trois jeunes, dans des conditions de compétition qui sont excellentes et méritent d’être saluées. On est en train de former un nouveau groupe, sur ces championnats, mais aussi lors des Coupes des nations 5* cette saison. Ici la pression est énorme, il faut apprendre à la gérer. Pour gagner il faut faire beaucoup de sans-faute, on l’a vu encore aujourd’hui. On doit encore progresser là-dessus. Le bilan général est mitigé. Les résultats sportifs ne sont pas assez bons, mais il n’a pas manqué grand-chose. Nous avons des détails à régler individuellement. Je suis déçu du résultat mais content du groupe qui a eu un comportement exemplaire. Les jeunes vont encore s’aguerrir. (…) On va continuer sur la même ligne ouvrant les coupes à de nouveaux couples », conclut Edouard Coupérie, le sélectionneur.